L'extrait
Avertissement – Courageux mais pas
téméraire
En
préambule et pour ne pas avoir à y revenir, je tiens à préciser que je n’ai
rien contre la religion grecque orthodoxe, les albinos, Frédéric Beigbeder et
les éditeurs. Je n’ai rien non plus contre les livres sans style, les phrases
sans virgule et les auteurs sans pudeur. Chacun sa voie.
J’aime la France, ses lettres et son académie et je tenais à l’écrire.
Je
suis conciliant avec les anciens et les sots car nous parvenons toujours à nous
mettre d’accord, si bien qu’au fil de mes compromis, je n’ai plus d’ennemis.
D’ailleurs, je ne suis fâché avec personne puisque je ne peux soutenir une
thèse plus de cinq minutes sans renier mon jugement ; je crois en tout
c'est-à-dire en rien, pas même à ce roman. Je l’ai écrit et je l’ai raté. Il
restera jusqu’à la fin des temps une suite de chapitres mal ficelés, un
empilement de saynètes sans prétentions qui vous rappelleront au mieux votre série
préférée au pire votre journal régional.
Voyez
cet ouvrage comme un kit de culture prêt à l’emploi pour vos barbecues ou vos
soirées mondaines. Un Vade-mecum ludique qui recense les incompréhensions de
deux mondes que tout oppose. Le silence, le retrait et l’élitisme de la
littérature ; le bruit, le paraître et le populisme de la télévision.
L’écriture et l’image ; le profond et le superflu.
Mais
il ne faut pas vous méprendre sur mon propos ; la promotion et la publicité
sont en vérité pour moi les antichambres de la gloire et ce que je vénère,
au-delà des préjugés moutonniers, c’est la télévision ; trait d’union culturel
entre les individus, phare inlassable d’une mare sans fond. Elle ramène tous
les égarés de la nuit et véhicule les mythes et les histoires d’aujourd’hui et
si j’ai du goût, ce n’est guère que pour ces mythes et ces histoires, ces
romans, mythistorima comme disent les
grecs.
Auteur Academy, Pierre Chavagné (Grasset)© - p.9-10